Syberia 3 (Online)
Développeur | koalabs |
Éditeur | Microids |
Distributeur | Anuman Interactive |
Date | 20 mai 2017 |
Genre | Steampunk |
Vue | 3e personne |
Série | Syberia |
Compatibilité | Windows 7 / Windows 8 / Windows 10 |
Plateforme(s) | Mac | PC | PlayStation 4 | WiiWare | Xbox One |
Gameplay | Clavier / Point & Click / QTE / Manette |
Test par YAZ
A l'évocation seule de "Syberia", le cœur de très nombreux fans de jeux d'aventure sur PC s'emballe, les yeux perdus dans le vague des souvenirs d'un périple fort en émotions. Tout le monde n'a pas été nécessairement réceptif à la magie et délicatesse des deux opus de la même aventure de Kate Walker, mais il s'agit malgré tout d'un jeu qui aura su unir la plupart des amateurs sous sa bannière. Il faut bien l'admettre, Syberia 1 & 2 sont des jeux au rythme lent, où il fait bon de savoir prendre son temps pour apprécier l'atmosphère. Pleins de charme, de poésie, ces jeux ont ravi les rétines et rêves des joueurs, en faisant incarner l'une des héroïnes les plus célèbres du jeu vidéo d'aventure, dans une histoire placée sous les signes de la délicatesse, de l'humanité, de la nostalgie et des sentiments profonds. L'annonce d'une suite avait de quoi faire parler d'elle, lançant diverses polémiques sur l'intérêt d'une continuité à l'aventure pourtant achevée à la fin de Syberia 2. Cependant, sitôt que Syberia 3 est sorti, l'engouement tant attendu des fans, pourtant à l'affut de ce jeu, ressemble beaucoup plus à un pétard mouillé qu'au feu d'artifice de liesse qu'on était en droit d'imaginer. Pourquoi ?
Unity. Rien que ça et tout s'explique. Car Unity est de ces logiciels d'aide à la création de jeux idéaux pour les indépendants : rapidement, il permet de créer divers jeux 3D, voire en 2D, et de les exporter sur de nombreuses machines différentes (PC, Mac, Linux, Android, iOS, PS4, ...). Les jeux créés sous Unity sont jolis, et demeurent assez fluides ... pour peu qu'ils soient petits, utilisant des répétitions de textures et modèles. Unity est parfait pour les petits jeux d'arcade, pour les "Runners", pour tous ces jeux aux couleurs pétantes masquant le manque de détails des polygones.
Unity est connu pour rapidement alourdir les jeux créés sitôt que ces derniers sont de taille importante. Syberia 3 ne fait pas exception, et, pour un jeu d'aventure, a allègrement dépassé la barre de 40 Go ! L'outil que les développeurs choisissent est toujours sélectionné en fonction du projet à réaliser, et opter pour Unity pour un tel jeu d'aventure avait déjà de quoi pourrir le plaisir du jeu via de nombreux chargements lourds et longs, ou des latences dans les réactions du personnage qui continue de marcher/courir alors que le joueur a lâché la touche. De quoi criser lorsque Kate est au niveau de portes, dans des escaliers ou simplement proche de changement de zone.
Malgré Unity qui aurait allègrement pu être un Unreal Engine ou CryEngine, plus puissants et dédiés aux jeux de grande envergure, le choix-même de passer en pure 3D avait tout pour être à l'origine de bien des soucis. En plus de nombreux bugs, de problèmes de touches selon la position de la caméra, ou de l'indiscutable influence des énigmes tactiles à la Red Johnson's Chronicles, cette volonté de la 3D est manifestement une traîtrise pour tous les fans PC de Syberia qui passent en second plan après la sortie principalement étudiée pour consoles.

La version PC est tellement proche de l'injouable en utilisant la souris et le clavier, que les concepteurs ont même rajouté en début de jeu l'annonce qu'une manette est fortement recommandée. Une manette ! Pour un jeu d'aventure sur PC ! Un comble ! Bien plus maladroit avec une manette que l'association souris-clavier, l'aventurier préfèrera en général opter pour le combo pour ordinateurs où il donnera des résultats moins mauvais. Ainsi, Kate Walker court et marche un peu n'importe comment, se met à tourner sans raison apparente, et selon le changement d'angle de la caméra en plein cœur des marches, se met à remonter les escaliers plutôt que finir de les descendre.
Il faut donc tapoter légèrement sur les flèches à chaque changement d'angle de caméra, pour être sûr que Kate ne va pas revenir d'où elle vient au lieu de poursuivre sa route. Butant dans les décors, les murs, traversant les escaliers sans monter dessus, pouvant sortir de l'écran ou quitter le sol et se retrouver en lévitation (problème de collision avec des éléments de décors et barrières invisibles), Kate en voit de toutes les couleurs dans cette édition 3D du troisième opus de ses aventures !
Et les versions consoles ne sont pas épargnées, car elles-aussi bénéficient de nombreux soucis de stabilité, de bugs, ... Il faut donc attendre des patchs pour rectifier ce qui n'aurait jamais dû être, quitte à devoir re-télécharger le jeu (qui, je le rappelle, est énorme). Et je ne parle pas du système de sauvegarde automatique qui sauvegarde quand bon lui semble et fait parfois faire un gros retour arrière dans le scénario sans que rien ne le laisse supposer (les objets en inventaire sont tous là, mais des conversations ne sont plus considérées comme faites : il faut donc re-parler à tout le monde pour être sûr de ne pas bloquer pour rien après).

Après avoir rencontré bien des problèmes techniques et des difficultés de gameplay (faut-il trois mains pour jouer sur PC sitôt qu'on tente de faire courir Kate Walker ?), les joueurs sur Steam on pu lire que les développeurs seraient en train de concevoir un patch pour transformer l'usage du clavier-souris en souris-uniquement. Reste encore à savoir quand il sortira, et s'il sera bien fonctionnel (plutôt que de nous proposer une nouvelle occasion d'être déçus, voir agacés par quelque chose d'encore plus indigeste à utiliser). Quoi qu'il en soit, ne surtout pas croire qu'il y ait là une preuve de générosité et d'écoute des plaintes des joueurs : c'est avant tout pour sauver leur jeu phare, probablement celui au budget le plus important, de l'écueil des mauvaises ventes et de la mauvaise publicité actuelles. Malgré tout, l'espoir demeure.
(suite du sujet du patch dans la partie en rouge ci-dessous)

(FAUX ! Syberia 3 NOT INCLUDED !)
Forcément, un tel jeu ne pouvait sortir sans bénéficier d'éditions en commerce, vu que les anciens joueurs ont tous apprécié les deux premiers opus en toute liberté via leurs CD/DVD. Une version standard en boîte est donc bien sortie, ainsi qu'une édition collector, tant pour PC que les consoles à la mode actuellement. Mais grand mal prendra les acquéreurs de ces boîtes, surtout celles pour PC. Car ne rêvez pas, aucun jeu Sybéria 3 n'est présent dans la boîte : il est impératif d'activer le jeu sur Steam et c'est pour cette raison que le CD du jeu Syberia 3 ne contient que le launcher/installeur de Steam. Sans connexion Internet, sans compte Steam, ou en refusant ce système de nous imposer cette plateforme de jeux qui possède un tel monopole qu'elle tape l'incruste via son launcher directement dans les jeux qu'on achète, le joueur ne pourra jamais lancer Syberia 3 !
La version collector quant à elle contient bien des jeux : les deux premiers opus que tout le monde possède déjà. Le reste n'est qu'une figurine qui oscille entre les détails réussis et le bâclage de la matière : bon nombre d'acquéreurs ont hélas découvert que leur statuette était cassée, très fréquemment au niveau des pieds. Deux lithographies sont présentes dans la boîte collector (j'ai eu le bonheur d'avoir deux fois la même ...), et l'OST est à télécharger sur un site qui rend invalide le code de téléchargement 24 heures après l'activation : il faut donc télécharger l'OST en urgence et bien vérifier que les données ne sont pas endommagées, sans quoi l'OST est perdu.
Après, vu le prix de la version collector, les acheteurs sont évidemment en droit de se dire qu'ils auront une version "améliorée" du jeu sur Steam, avec des bonus digitaux que la version standard ne propose pas. Cette version existe en effet, mais il ne faut pas rêver : même si le joueur a acheté son coffret 120 euros, il n'aura que la version "standard" d'activée via son code contenu dans son édition collector ! Aucun bonus digital ! Il est donc évident qu'on ne peut que conseiller à celles et ceux qui veulent acheter ce jeu, de le faire directement sur Steam. Le prix est moindre, la figurine n'est pas indispensable (pour peu qu'elle ne soit pas cassée) et l'OST ainsi que tous les autres bonus digitaux n'ont plus de date de limite de téléchargement...
Il faut bien dire que faire une suite aux deux précédents opus a de quoi laisser pantois, tant Syberia 1 + 2 a tout pour être un chef d’œuvre unique et complet. Chose étonnante, Syberia 3 est bien une véritable suite qui prend le relai avec douceur et logique, proposant une continuité parfaite avec le final précédent. A n'en pas douter, ça fonctionne ! On retrouve Kate Walker comme on l'a connue, sobre, digne et si prompte à faire des rencontres passionnantes. On retrouve aussi la magie poétique de quêtes mêlant traditions et voyages.
Pour faire simple (Spoil des premières minutes de jeu), sauvée par les Youkols d'une mort certaine dans le froid, Kate Walker décide d'aider ces derniers à opérer la migration d'autruches des neiges. Mais rien ne serait plus complexe, tant ce périple les oppose à de nombreux obstacles, un temps très compté, et une menace constante à leur poursuite. Aux côtés du guide spirituel et de la chaman des Youkols, Kate Walker permet à la petite communauté youkol d'entretenir le rite sacré de la transhumance des autruches.
Quelques énigmes assez bien imaginées (mais dont la résolution peut évidemment poser des soucis dans la pratique, tant le gameplay reste difficile à appréhender), dans une histoire dans la pure lignée des périples que l'on connait de Benoït Sokal. On pensera évidemment à l'Amerzone ou à Paradise, où l'on retrouve cette sensibilité si singulière à l'égard des légendes et traditions. Sans oublier l'omni-présence de l'univers steampunk au travers des véhicules, automates et autres constructions métalliques ahurissantes où plane l'esprit des Voralberg.
S'il y a bien un domaine où ce jeu est une complète réussite, c'est assurément le domaine artistique. C'est d'ailleurs pour lui, plus encore que pour l'histoire, que bon nombre de joueurs ont insisté à jouer à Syberia 3 malgré l'ergonomie difficile et les bugs. Car Syberia en met vraiment plein les yeux et plein les oreilles. C'est ... parfait. Magnifique. Prenant. Chaque endroit possède une atmosphère détaillée impressionnante et de toute beauté. Chaque mélodie, chaque petit bruit est soigneusement travaillé et confère à plonger le joueur dans la même magie que les opus précédents.

Les décors sont riches et extrêmement variés. De nombreuses animations (hélas souffrant d'une trop grosse compression graphique selon moi) viennent dynamiser l'ensemble du jeu. Les personnages sont atypiques, mais passent très bien dans cet univers si particulier. Et la musique ... Ah ! Rien que le thème principal agit déjà comme un tremplin pour l'imaginaire : c'est beau, plein de cette nostalgie slave douce et amère si caractéristique des précédents opus. On avait bien du mal à imaginer un OST qui puisse atteindre l'effet procuré par les précédents opus, et maintenant difficile d'imaginer que cela ait pu être différemment.
Question doublage français, il est vrai que certains personnages sont moins bien campés que d'autres, et qu'on ressent comme un grand manque d'implication ou de détachement du texte de la part des comédiens. Mais retrouver la voix de notre chère Kate Walker est un vrai bonheur. Déjà fabuleuse pour incarner Lara Croft (Tom Raider), Françoise Cadol possède ce mélange de douceur et de force qui ajoute une immense aura charismatique à Kate Walker. Il est assuré que chacun aura le bonheur d'entendre la moindre des réflexion de son héroïne.
Que dire d'un tel jeu ? Un pied dans un Syberia 4, un autre dans une volonté de focaliser avec maladresse et irrespect des fans sur les consoles next-gen, forcément on a de quoi se demander "pourquoi ont-ils fait ça" ? Il y a dans Syberia 3 une aventure qui mérite d'être découverte. Elle n'est sans doute pas indispensable pour ceux et celles qui désirent se contenter des deux premiers opus, mais il convient de certifier qu'elle s'intègre parfaitement aux opus précédents. C'est donc beau, magnifique même, prenant, et profondément ... insupportable. Le choix de passer à de la pure 3D est, de base, un choix grotesque qu'il aurait fallu soumettre aux fans. N'importe quel joueur ayant adoré Syberia aurai immédiatement réagi : " Attention, la 3D est vraiment un mauvais choix, et vous allez vous mettre tous les joueurs à dos ! ". Aurait-il fallu demander dès le départ, plutôt que de partir trop sûr de sa volonté de changer le concept-même du jeu. Bien des joueurs ont mal réagi face à la perte du gameplay Point&Clic simple et efficace dédié à la narration d'une histoire passionnante.

(Kate, le Passe-muraille qui traverse les escaliers)
Forcément, Syberia laisse un goût très amer. Un jeu qui avait tout pour devenir un titre phare, culte, et qui s'est effondré sur l'autel de l'autosuffisance des concepteurs. Comment croire que l'avis des joueurs n'a aucune importance ? Comment s'imaginer que les joueurs apprendront à s'y faire ? De quel droit peut-on ainsi dénaturer le concept d'un jeu qui a déjà fait ses preuves et déchaîné les passions, en lui faisant une suite qui ne prend absolument pas en compte le public visé ? Syberia n'est pas un jeu console : c'est un jeu PC. Il y a eu, certes, des adaptations console ultérieures, mais le principe est principalement et prioritairement le PC. Or Syberia 3 est un jeu console adapté sur PC : oser conseiller l'usage d'une manette sur ordinateur pour un jeu d'aventure aurait largement dû mettre la puce à l'oreille des concepteurs ! De plus, ne proposer que Steam pour leur jeu (même pas GOG alors que les deux premiers opus y sont présents) est encore une fois une très mauvaise idée en soi.

Syberia, ce n'est ni Tomb Raider, ni Far Cry. Syberia, c'est de l'aventure, de l'émotion, quelque chose qui n'a aucunement besoin de me prendre la tête pour une 3D dont les joueurs n'ont majoritairement absolument rien à faire, le tout sous un gameplay aucunement prévu pour PC. S'ils voulaient s'adapter aux petits jeunes nés avec une manette, tant mieux pour eux, mais qu'ils se lancent dans une nouvelle licence. Là, reprendre "Syberia" et "Kate Walker", c'est choisir de faire suite à des personnages, des lieux, des histoires unis dans des jeux d'aventure spécifiques que les "anciens" ont connu et aimé pour ça, dans une présentation simple et un gameplay qui a fait ses preuves. Nous n'avons pas à "évoluer" pour satisfaire les exigences techniques déployées pour glaner de nouveaux clients potentiels : les concepteurs se DEVAIENT de respecter la base-même des jeux précédents, et proposer une aventure du même acabit (même si la résolution d'écran, la qualité des graphismes et les effets dynamiques divers pouvaient être revus à la hausse). Penser que les aventuriers ont à s'adapter pour profiter de la suite de leurs jeux fétiches, c'est ne rien avoir compris. Ni de la demande. Ni du public qui sera touché au final. Ni du respect des fans qui ont attendu très longtemps et suivi les moindres annonces avec ferveur.

Ce jeu est le pur produit de l'hybridation entre le meilleur et le pire :
De quoi être surpris en tant que joueur : on peut focaliser que sur ce qui plait, mais il y a toujours un moment où ce qui ne plait pas revient au galop pour rappeler que, non, ce jeu avait tout pour être excellent, mais il a été pourri à sa base : Unity. Comment peut-on espérer développer des Grands jeux sous Unity ? Ok, Unity c'est top pour les indépendants, pour les petits jeux d'arcade ou autre légèretés du genre. Mais sitôt que le jeu devient important, tout est lourd, poussif, ... avec l'impression, lorsque Kate passe de l'arrêt à la marche, qu'on fait démarrer un vieux tacot qui a du mal à se lancer. Et lorsqu'elle doit s'arrêter, elle est toujours en mode marche durant quelques secondes, à pédaler dans le vide avec un air émotionnel de poisson frit (voire carrément ressortir de la pièce où on venait de la faire entrer : que de va-et-viens parfois !). On était sûrement très près du plus grand hit de l'année, et on passe directement à la case "frustration".
Dores et déjà, on ne peut que plussoyer l'idée que ce jeu n'est pas mauvais (il aurait été bien difficile de faire autrement) dans son fond (esthétique, univers, ambiance, histoire, personnages, ...) mais on ne peut que pester aussi sur la réalisation technique qui n'a pas respecté les attentes des fans et a trahi tout ce qui faisait le succès des opus précédents : le point & clic. Quoi qu'il en soit, c'est bien une amère déception. Tant d'attente, de mystères, de suivi, d'images livrées au compte-goutte, de rêves, et de polémiques sur la sortie d'un tel opus, pour finalement aboutir à un jeu qui n'est qu'à peine stable, difficile à prendre en main, et ce qu'à condition d'opter pour une manette sur PC. Le soufflé s'est littéralement dégonflé, et ce qui semblait être LE jeu de l'année est devenu LA frustration de la décennie. Alors oui, les développeurs tentent tout pour régler les soucis techniques de ce jeu. Mais ils ne changeront pas le moteur, ni le gameplay, à moins de reprendre intégralement la programmation du projet (chose dont je doute énormément, vu le boulot de titan que cela imposerait ^^).
Une pure déception, donc. Un crève-cœur de devoir dire du mal de cette suite tant attendue ! Et là, c'est le désastre total ! Le pire étant que ce désastre est prévu à l'origine du jeu (le moteur graphique général), preuve que dès le départ ils savaient TOUS que ce jeu n'était pas un Point & Clic, que la console (PS4 probablement) était le but visé, et qu'il y aurait bien des soucis avec les PC des joueurs. Comment oser faire ça aux fans, vu que nous sommes certes nombreux, mais surtout les seuls à s'intéresser à un tel jeu ? Du coup, je suis ravi de voir le relatif silence pro/amateur qui entoure la sortie du jeu, et que l'éditeur ne rentrera probablement pas dans ses frais si le jeu se vend trop mal : la leçon sera plus forte que si le jeu se vend comme des petits pains à des clients qui en sont finalement mécontents (car les chiffres qui "comptent" ne représentent que les ventes, pas les avis). Bref, Microïds goûte aux nombreux soucis de bugs, de compatibilité, de maniabilité, d'affichage, de collision, ... tous ces problèmes liés au choix (irrespectueux des fans) de prendre un moteur 3D dédié pour les jeux consoles et FPS.

(T'as de beaux orbites, tu sais !)
Une mise à jour de ce test est devenu nécessaire, car un patch pour une prise en charge totale de la souris dans Syberia est finalement sorti entre-temps. Je ne change rien des propos précédents, car représentent le vécu de milliers de joueurs ayant acquis et joué à Syberia 3 sans ce patch : il est d'ailleurs possible de toujours vivre le calvaire vécu en changeant le gameplay via les options du jeu. Sans rectifier bien des bugs divers (freeze, plantage, messages d'erreur en quittant, bugs de collision, ...) ou soucis d'interaction hérités du moteur de jeu choisi dans les énigmes, ce patch permet au moins d'abandonner le clavier pour profiter pleinement d'un Point & Click. Il n'en reste qu'à bien des occasions, le fait qu'un tel gameplay n'ait pas été prévu à l'origine se fait cruellement sentir (vu qu'il vise à ne corriger que le déplacement de Kate Walker dans les décors, et non l'interface relative aux interactions et énigmes diverses). On peut évidemment souligner l'effort des concepteurs pour réaliser un tel patch, même si loin d'être un geste généreux pour les joueurs, il représente avant tout le dernier espoir de rendre ce jeu jouable, et donc d'éviter le fiasco total. Et sur ce plan, souhaitons à Microïds que ces efforts d'enfin entendre la voix de ses clients soient récompensés, et que la leçon de ne plus jamais ignorer les fans soit enfin retenue.

(tu nous patches tout ça au plus vite, sinon on t'explose ...)
Il est important aussi de préciser que la gestion des déplacements en Point & Click n'annihile non plus en rien les gros soucis de caméra qui forcent trop souvent à cliquer sans savoir où sur l'écran, tant la caméra est proche de Kate Walker ou qu'on ne sait même pas où est passée cette dernière, partie on ne sait où suite à un clic. Il est aussi limite plus fréquent maintenant de passer involontairement d'une scène à une autre, tant Kate ne sait pas s'arrêter au point précis du clic, ou que l'angle du point de vue empêche de savoir qu'on peut aller à un endroit, alors que sous un autre angle de caméra (géré automatiquement) c'est parfaitement clair. Entre les zooms automatiques au fur et à mesure que Kate avance dans les décors, les rotations automatiques brutales de caméra, les changements intempestifs d'angles, ... il est aisé de se perdre, voir de ne plus rien comprendre des lieux. Des problèmes hérités de ce moteur 3D sont donc toujours Légion et confirment bien que l'idée de départ de faire de la full-3D pour un tel jeu était particulièrement mauvaise.

(Faut cliquer où pour que Kate suive le chemin du fond ?)

(Lorsqu'on n'y voit rien et qu'on n'a que peu de marge de manœuvre où cliquer ...)
Au final, Syberia 3 écope d'un petit 12/20, loin derrière les opus précédents, mais franchit donc dorénavant la barre de la moyenne grâce à ce patch sorti sur le tard. La lourdeur du fichier du jeu, les énigmes toujours scabreuses à résoudre de part le gameplay trop pensé console, les nombreux chargements, les sauvegardeS automatiques qui font reprendre trop souvent bien avant le moment où l'on a quitté, ... beaucoup d'énervements pour un jeu qui aurait pu être bien meilleur avec des choix initiaux en respect avec les opus précédents et les attentes des joueurs. De plus, Steam obligatoire et monopole sur la version PC, avec des éditions matérialisées vides et bien trop chères face aux versionS digitales, voilà des erreurs qui ne se règleront pas via un patch de 2 go à télécharger. Reste donc à espérer que l'industrie du Jeu Vidéo aura pu apprécier le risque financier que représente un jeu qui tourne le dos à son public ...

(Entre l'endroit d'arrêt prévu et l'arrêt réel ...)
Énigmes : 10/20 Les énigmes sont parfaitement bien intégrées dans le jeu, intéressantes et originales. Alors pourquoi un petit 10/20 ? Du fait du gameplay nécessaire pour les résoudre. Car si on comprend facilement quoi faire, on reste trop souvent bloqué lorsqu'il faut le mettre en pratique. Pensées pour les manettes aux boutons/joysticks directionnels pour les pouces, les énigmes forcent à faire des mouvements maladroits avec la souris, ce qui oblige souvent à s'y reprendre de nombreuses fois, surtout lorsqu'il y a un chrono ...

(Oh, énigme ! Combien de joueurs ont pu te détester ?)
1) Moteur 3D
Unity. Rien que ça et tout s'explique. Car Unity est de ces logiciels d'aide à la création de jeux idéaux pour les indépendants : rapidement, il permet de créer divers jeux 3D, voire en 2D, et de les exporter sur de nombreuses machines différentes (PC, Mac, Linux, Android, iOS, PS4, ...). Les jeux créés sous Unity sont jolis, et demeurent assez fluides ... pour peu qu'ils soient petits, utilisant des répétitions de textures et modèles. Unity est parfait pour les petits jeux d'arcade, pour les "Runners", pour tous ces jeux aux couleurs pétantes masquant le manque de détails des polygones.
Unity est connu pour rapidement alourdir les jeux créés sitôt que ces derniers sont de taille importante. Syberia 3 ne fait pas exception, et, pour un jeu d'aventure, a allègrement dépassé la barre de 40 Go ! L'outil que les développeurs choisissent est toujours sélectionné en fonction du projet à réaliser, et opter pour Unity pour un tel jeu d'aventure avait déjà de quoi pourrir le plaisir du jeu via de nombreux chargements lourds et longs, ou des latences dans les réactions du personnage qui continue de marcher/courir alors que le joueur a lâché la touche. De quoi criser lorsque Kate est au niveau de portes, dans des escaliers ou simplement proche de changement de zone.
2) Gameplay
Malgré Unity qui aurait allègrement pu être un Unreal Engine ou CryEngine, plus puissants et dédiés aux jeux de grande envergure, le choix-même de passer en pure 3D avait tout pour être à l'origine de bien des soucis. En plus de nombreux bugs, de problèmes de touches selon la position de la caméra, ou de l'indiscutable influence des énigmes tactiles à la Red Johnson's Chronicles, cette volonté de la 3D est manifestement une traîtrise pour tous les fans PC de Syberia qui passent en second plan après la sortie principalement étudiée pour consoles.

La version PC est tellement proche de l'injouable en utilisant la souris et le clavier, que les concepteurs ont même rajouté en début de jeu l'annonce qu'une manette est fortement recommandée. Une manette ! Pour un jeu d'aventure sur PC ! Un comble ! Bien plus maladroit avec une manette que l'association souris-clavier, l'aventurier préfèrera en général opter pour le combo pour ordinateurs où il donnera des résultats moins mauvais. Ainsi, Kate Walker court et marche un peu n'importe comment, se met à tourner sans raison apparente, et selon le changement d'angle de la caméra en plein cœur des marches, se met à remonter les escaliers plutôt que finir de les descendre.
Il faut donc tapoter légèrement sur les flèches à chaque changement d'angle de caméra, pour être sûr que Kate ne va pas revenir d'où elle vient au lieu de poursuivre sa route. Butant dans les décors, les murs, traversant les escaliers sans monter dessus, pouvant sortir de l'écran ou quitter le sol et se retrouver en lévitation (problème de collision avec des éléments de décors et barrières invisibles), Kate en voit de toutes les couleurs dans cette édition 3D du troisième opus de ses aventures !
Et les versions consoles ne sont pas épargnées, car elles-aussi bénéficient de nombreux soucis de stabilité, de bugs, ... Il faut donc attendre des patchs pour rectifier ce qui n'aurait jamais dû être, quitte à devoir re-télécharger le jeu (qui, je le rappelle, est énorme). Et je ne parle pas du système de sauvegarde automatique qui sauvegarde quand bon lui semble et fait parfois faire un gros retour arrière dans le scénario sans que rien ne le laisse supposer (les objets en inventaire sont tous là, mais des conversations ne sont plus considérées comme faites : il faut donc re-parler à tout le monde pour être sûr de ne pas bloquer pour rien après).

Après avoir rencontré bien des problèmes techniques et des difficultés de gameplay (faut-il trois mains pour jouer sur PC sitôt qu'on tente de faire courir Kate Walker ?), les joueurs sur Steam on pu lire que les développeurs seraient en train de concevoir un patch pour transformer l'usage du clavier-souris en souris-uniquement. Reste encore à savoir quand il sortira, et s'il sera bien fonctionnel (plutôt que de nous proposer une nouvelle occasion d'être déçus, voir agacés par quelque chose d'encore plus indigeste à utiliser). Quoi qu'il en soit, ne surtout pas croire qu'il y ait là une preuve de générosité et d'écoute des plaintes des joueurs : c'est avant tout pour sauver leur jeu phare, probablement celui au budget le plus important, de l'écueil des mauvaises ventes et de la mauvaise publicité actuelles. Malgré tout, l'espoir demeure.
(suite du sujet du patch dans la partie en rouge ci-dessous)
3) Version "matérialisée"

(FAUX ! Syberia 3 NOT INCLUDED !)
Forcément, un tel jeu ne pouvait sortir sans bénéficier d'éditions en commerce, vu que les anciens joueurs ont tous apprécié les deux premiers opus en toute liberté via leurs CD/DVD. Une version standard en boîte est donc bien sortie, ainsi qu'une édition collector, tant pour PC que les consoles à la mode actuellement. Mais grand mal prendra les acquéreurs de ces boîtes, surtout celles pour PC. Car ne rêvez pas, aucun jeu Sybéria 3 n'est présent dans la boîte : il est impératif d'activer le jeu sur Steam et c'est pour cette raison que le CD du jeu Syberia 3 ne contient que le launcher/installeur de Steam. Sans connexion Internet, sans compte Steam, ou en refusant ce système de nous imposer cette plateforme de jeux qui possède un tel monopole qu'elle tape l'incruste via son launcher directement dans les jeux qu'on achète, le joueur ne pourra jamais lancer Syberia 3 !
La version collector quant à elle contient bien des jeux : les deux premiers opus que tout le monde possède déjà. Le reste n'est qu'une figurine qui oscille entre les détails réussis et le bâclage de la matière : bon nombre d'acquéreurs ont hélas découvert que leur statuette était cassée, très fréquemment au niveau des pieds. Deux lithographies sont présentes dans la boîte collector (j'ai eu le bonheur d'avoir deux fois la même ...), et l'OST est à télécharger sur un site qui rend invalide le code de téléchargement 24 heures après l'activation : il faut donc télécharger l'OST en urgence et bien vérifier que les données ne sont pas endommagées, sans quoi l'OST est perdu.
Après, vu le prix de la version collector, les acheteurs sont évidemment en droit de se dire qu'ils auront une version "améliorée" du jeu sur Steam, avec des bonus digitaux que la version standard ne propose pas. Cette version existe en effet, mais il ne faut pas rêver : même si le joueur a acheté son coffret 120 euros, il n'aura que la version "standard" d'activée via son code contenu dans son édition collector ! Aucun bonus digital ! Il est donc évident qu'on ne peut que conseiller à celles et ceux qui veulent acheter ce jeu, de le faire directement sur Steam. Le prix est moindre, la figurine n'est pas indispensable (pour peu qu'elle ne soit pas cassée) et l'OST ainsi que tous les autres bonus digitaux n'ont plus de date de limite de téléchargement...
4) Scénario
Il faut bien dire que faire une suite aux deux précédents opus a de quoi laisser pantois, tant Syberia 1 + 2 a tout pour être un chef d’œuvre unique et complet. Chose étonnante, Syberia 3 est bien une véritable suite qui prend le relai avec douceur et logique, proposant une continuité parfaite avec le final précédent. A n'en pas douter, ça fonctionne ! On retrouve Kate Walker comme on l'a connue, sobre, digne et si prompte à faire des rencontres passionnantes. On retrouve aussi la magie poétique de quêtes mêlant traditions et voyages.
Pour faire simple (Spoil des premières minutes de jeu), sauvée par les Youkols d'une mort certaine dans le froid, Kate Walker décide d'aider ces derniers à opérer la migration d'autruches des neiges. Mais rien ne serait plus complexe, tant ce périple les oppose à de nombreux obstacles, un temps très compté, et une menace constante à leur poursuite. Aux côtés du guide spirituel et de la chaman des Youkols, Kate Walker permet à la petite communauté youkol d'entretenir le rite sacré de la transhumance des autruches.
Quelques énigmes assez bien imaginées (mais dont la résolution peut évidemment poser des soucis dans la pratique, tant le gameplay reste difficile à appréhender), dans une histoire dans la pure lignée des périples que l'on connait de Benoït Sokal. On pensera évidemment à l'Amerzone ou à Paradise, où l'on retrouve cette sensibilité si singulière à l'égard des légendes et traditions. Sans oublier l'omni-présence de l'univers steampunk au travers des véhicules, automates et autres constructions métalliques ahurissantes où plane l'esprit des Voralberg.
5) Arts
S'il y a bien un domaine où ce jeu est une complète réussite, c'est assurément le domaine artistique. C'est d'ailleurs pour lui, plus encore que pour l'histoire, que bon nombre de joueurs ont insisté à jouer à Syberia 3 malgré l'ergonomie difficile et les bugs. Car Syberia en met vraiment plein les yeux et plein les oreilles. C'est ... parfait. Magnifique. Prenant. Chaque endroit possède une atmosphère détaillée impressionnante et de toute beauté. Chaque mélodie, chaque petit bruit est soigneusement travaillé et confère à plonger le joueur dans la même magie que les opus précédents.

Les décors sont riches et extrêmement variés. De nombreuses animations (hélas souffrant d'une trop grosse compression graphique selon moi) viennent dynamiser l'ensemble du jeu. Les personnages sont atypiques, mais passent très bien dans cet univers si particulier. Et la musique ... Ah ! Rien que le thème principal agit déjà comme un tremplin pour l'imaginaire : c'est beau, plein de cette nostalgie slave douce et amère si caractéristique des précédents opus. On avait bien du mal à imaginer un OST qui puisse atteindre l'effet procuré par les précédents opus, et maintenant difficile d'imaginer que cela ait pu être différemment.
Question doublage français, il est vrai que certains personnages sont moins bien campés que d'autres, et qu'on ressent comme un grand manque d'implication ou de détachement du texte de la part des comédiens. Mais retrouver la voix de notre chère Kate Walker est un vrai bonheur. Déjà fabuleuse pour incarner Lara Croft (Tom Raider), Françoise Cadol possède ce mélange de douceur et de force qui ajoute une immense aura charismatique à Kate Walker. Il est assuré que chacun aura le bonheur d'entendre la moindre des réflexion de son héroïne.
6) Impressions générales
Que dire d'un tel jeu ? Un pied dans un Syberia 4, un autre dans une volonté de focaliser avec maladresse et irrespect des fans sur les consoles next-gen, forcément on a de quoi se demander "pourquoi ont-ils fait ça" ? Il y a dans Syberia 3 une aventure qui mérite d'être découverte. Elle n'est sans doute pas indispensable pour ceux et celles qui désirent se contenter des deux premiers opus, mais il convient de certifier qu'elle s'intègre parfaitement aux opus précédents. C'est donc beau, magnifique même, prenant, et profondément ... insupportable. Le choix de passer à de la pure 3D est, de base, un choix grotesque qu'il aurait fallu soumettre aux fans. N'importe quel joueur ayant adoré Syberia aurai immédiatement réagi : " Attention, la 3D est vraiment un mauvais choix, et vous allez vous mettre tous les joueurs à dos ! ". Aurait-il fallu demander dès le départ, plutôt que de partir trop sûr de sa volonté de changer le concept-même du jeu. Bien des joueurs ont mal réagi face à la perte du gameplay Point&Clic simple et efficace dédié à la narration d'une histoire passionnante.

(Kate, le Passe-muraille qui traverse les escaliers)
Forcément, Syberia laisse un goût très amer. Un jeu qui avait tout pour devenir un titre phare, culte, et qui s'est effondré sur l'autel de l'autosuffisance des concepteurs. Comment croire que l'avis des joueurs n'a aucune importance ? Comment s'imaginer que les joueurs apprendront à s'y faire ? De quel droit peut-on ainsi dénaturer le concept d'un jeu qui a déjà fait ses preuves et déchaîné les passions, en lui faisant une suite qui ne prend absolument pas en compte le public visé ? Syberia n'est pas un jeu console : c'est un jeu PC. Il y a eu, certes, des adaptations console ultérieures, mais le principe est principalement et prioritairement le PC. Or Syberia 3 est un jeu console adapté sur PC : oser conseiller l'usage d'une manette sur ordinateur pour un jeu d'aventure aurait largement dû mettre la puce à l'oreille des concepteurs ! De plus, ne proposer que Steam pour leur jeu (même pas GOG alors que les deux premiers opus y sont présents) est encore une fois une très mauvaise idée en soi.

7) Pensées personnelles (issues du forum PlaneteAventure) :
Syberia, ce n'est ni Tomb Raider, ni Far Cry. Syberia, c'est de l'aventure, de l'émotion, quelque chose qui n'a aucunement besoin de me prendre la tête pour une 3D dont les joueurs n'ont majoritairement absolument rien à faire, le tout sous un gameplay aucunement prévu pour PC. S'ils voulaient s'adapter aux petits jeunes nés avec une manette, tant mieux pour eux, mais qu'ils se lancent dans une nouvelle licence. Là, reprendre "Syberia" et "Kate Walker", c'est choisir de faire suite à des personnages, des lieux, des histoires unis dans des jeux d'aventure spécifiques que les "anciens" ont connu et aimé pour ça, dans une présentation simple et un gameplay qui a fait ses preuves. Nous n'avons pas à "évoluer" pour satisfaire les exigences techniques déployées pour glaner de nouveaux clients potentiels : les concepteurs se DEVAIENT de respecter la base-même des jeux précédents, et proposer une aventure du même acabit (même si la résolution d'écran, la qualité des graphismes et les effets dynamiques divers pouvaient être revus à la hausse). Penser que les aventuriers ont à s'adapter pour profiter de la suite de leurs jeux fétiches, c'est ne rien avoir compris. Ni de la demande. Ni du public qui sera touché au final. Ni du respect des fans qui ont attendu très longtemps et suivi les moindres annonces avec ferveur.

Ce jeu est le pur produit de l'hybridation entre le meilleur et le pire :
- artistiquement irréprochable / techniquement insupportable
- déplacement au clavier / interactions et caméra (pour voir un peu plus loin que les bords de l'écran) à la souris : on joue affalé sur le bureau
- des jeux en DVD vendus /mais que du dématérialisé dedans (UNE HONTE !)
- un jeu prévu pour les fans / aucun respect des attentes réelles
- un jeu d'aventure typique (concept + public visé) pour PC / réalisation entièrement conçue pour les consoles
De quoi être surpris en tant que joueur : on peut focaliser que sur ce qui plait, mais il y a toujours un moment où ce qui ne plait pas revient au galop pour rappeler que, non, ce jeu avait tout pour être excellent, mais il a été pourri à sa base : Unity. Comment peut-on espérer développer des Grands jeux sous Unity ? Ok, Unity c'est top pour les indépendants, pour les petits jeux d'arcade ou autre légèretés du genre. Mais sitôt que le jeu devient important, tout est lourd, poussif, ... avec l'impression, lorsque Kate passe de l'arrêt à la marche, qu'on fait démarrer un vieux tacot qui a du mal à se lancer. Et lorsqu'elle doit s'arrêter, elle est toujours en mode marche durant quelques secondes, à pédaler dans le vide avec un air émotionnel de poisson frit (voire carrément ressortir de la pièce où on venait de la faire entrer : que de va-et-viens parfois !). On était sûrement très près du plus grand hit de l'année, et on passe directement à la case "frustration".
Dores et déjà, on ne peut que plussoyer l'idée que ce jeu n'est pas mauvais (il aurait été bien difficile de faire autrement) dans son fond (esthétique, univers, ambiance, histoire, personnages, ...) mais on ne peut que pester aussi sur la réalisation technique qui n'a pas respecté les attentes des fans et a trahi tout ce qui faisait le succès des opus précédents : le point & clic. Quoi qu'il en soit, c'est bien une amère déception. Tant d'attente, de mystères, de suivi, d'images livrées au compte-goutte, de rêves, et de polémiques sur la sortie d'un tel opus, pour finalement aboutir à un jeu qui n'est qu'à peine stable, difficile à prendre en main, et ce qu'à condition d'opter pour une manette sur PC. Le soufflé s'est littéralement dégonflé, et ce qui semblait être LE jeu de l'année est devenu LA frustration de la décennie. Alors oui, les développeurs tentent tout pour régler les soucis techniques de ce jeu. Mais ils ne changeront pas le moteur, ni le gameplay, à moins de reprendre intégralement la programmation du projet (chose dont je doute énormément, vu le boulot de titan que cela imposerait ^^).
Une pure déception, donc. Un crève-cœur de devoir dire du mal de cette suite tant attendue ! Et là, c'est le désastre total ! Le pire étant que ce désastre est prévu à l'origine du jeu (le moteur graphique général), preuve que dès le départ ils savaient TOUS que ce jeu n'était pas un Point & Clic, que la console (PS4 probablement) était le but visé, et qu'il y aurait bien des soucis avec les PC des joueurs. Comment oser faire ça aux fans, vu que nous sommes certes nombreux, mais surtout les seuls à s'intéresser à un tel jeu ? Du coup, je suis ravi de voir le relatif silence pro/amateur qui entoure la sortie du jeu, et que l'éditeur ne rentrera probablement pas dans ses frais si le jeu se vend trop mal : la leçon sera plus forte que si le jeu se vend comme des petits pains à des clients qui en sont finalement mécontents (car les chiffres qui "comptent" ne représentent que les ventes, pas les avis). Bref, Microïds goûte aux nombreux soucis de bugs, de compatibilité, de maniabilité, d'affichage, de collision, ... tous ces problèmes liés au choix (irrespectueux des fans) de prendre un moteur 3D dédié pour les jeux consoles et FPS.

(T'as de beaux orbites, tu sais !)
Une mise à jour de ce test est devenu nécessaire, car un patch pour une prise en charge totale de la souris dans Syberia est finalement sorti entre-temps. Je ne change rien des propos précédents, car représentent le vécu de milliers de joueurs ayant acquis et joué à Syberia 3 sans ce patch : il est d'ailleurs possible de toujours vivre le calvaire vécu en changeant le gameplay via les options du jeu. Sans rectifier bien des bugs divers (freeze, plantage, messages d'erreur en quittant, bugs de collision, ...) ou soucis d'interaction hérités du moteur de jeu choisi dans les énigmes, ce patch permet au moins d'abandonner le clavier pour profiter pleinement d'un Point & Click. Il n'en reste qu'à bien des occasions, le fait qu'un tel gameplay n'ait pas été prévu à l'origine se fait cruellement sentir (vu qu'il vise à ne corriger que le déplacement de Kate Walker dans les décors, et non l'interface relative aux interactions et énigmes diverses). On peut évidemment souligner l'effort des concepteurs pour réaliser un tel patch, même si loin d'être un geste généreux pour les joueurs, il représente avant tout le dernier espoir de rendre ce jeu jouable, et donc d'éviter le fiasco total. Et sur ce plan, souhaitons à Microïds que ces efforts d'enfin entendre la voix de ses clients soient récompensés, et que la leçon de ne plus jamais ignorer les fans soit enfin retenue.

(tu nous patches tout ça au plus vite, sinon on t'explose ...)
Il est important aussi de préciser que la gestion des déplacements en Point & Click n'annihile non plus en rien les gros soucis de caméra qui forcent trop souvent à cliquer sans savoir où sur l'écran, tant la caméra est proche de Kate Walker ou qu'on ne sait même pas où est passée cette dernière, partie on ne sait où suite à un clic. Il est aussi limite plus fréquent maintenant de passer involontairement d'une scène à une autre, tant Kate ne sait pas s'arrêter au point précis du clic, ou que l'angle du point de vue empêche de savoir qu'on peut aller à un endroit, alors que sous un autre angle de caméra (géré automatiquement) c'est parfaitement clair. Entre les zooms automatiques au fur et à mesure que Kate avance dans les décors, les rotations automatiques brutales de caméra, les changements intempestifs d'angles, ... il est aisé de se perdre, voir de ne plus rien comprendre des lieux. Des problèmes hérités de ce moteur 3D sont donc toujours Légion et confirment bien que l'idée de départ de faire de la full-3D pour un tel jeu était particulièrement mauvaise.

(Faut cliquer où pour que Kate suive le chemin du fond ?)

(Lorsqu'on n'y voit rien et qu'on n'a que peu de marge de manœuvre où cliquer ...)
Au final, Syberia 3 écope d'un petit 12/20, loin derrière les opus précédents, mais franchit donc dorénavant la barre de la moyenne grâce à ce patch sorti sur le tard. La lourdeur du fichier du jeu, les énigmes toujours scabreuses à résoudre de part le gameplay trop pensé console, les nombreux chargements, les sauvegardeS automatiques qui font reprendre trop souvent bien avant le moment où l'on a quitté, ... beaucoup d'énervements pour un jeu qui aurait pu être bien meilleur avec des choix initiaux en respect avec les opus précédents et les attentes des joueurs. De plus, Steam obligatoire et monopole sur la version PC, avec des éditions matérialisées vides et bien trop chères face aux versionS digitales, voilà des erreurs qui ne se règleront pas via un patch de 2 go à télécharger. Reste donc à espérer que l'industrie du Jeu Vidéo aura pu apprécier le risque financier que représente un jeu qui tourne le dos à son public ...

(Entre l'endroit d'arrêt prévu et l'arrêt réel ...)
Énigmes : 10/20 Les énigmes sont parfaitement bien intégrées dans le jeu, intéressantes et originales. Alors pourquoi un petit 10/20 ? Du fait du gameplay nécessaire pour les résoudre. Car si on comprend facilement quoi faire, on reste trop souvent bloqué lorsqu'il faut le mettre en pratique. Pensées pour les manettes aux boutons/joysticks directionnels pour les pouces, les énigmes forcent à faire des mouvements maladroits avec la souris, ce qui oblige souvent à s'y reprendre de nombreuses fois, surtout lorsqu'il y a un chrono ...

(Oh, énigme ! Combien de joueurs ont pu te détester ?)
En détail | |
+ | Graphismes, Sons |
- | Jouabilité |
Graphisme 18 /20 |
Même si certains décors ou personnages sont de qualité et détails inférieurs au reste, dans l'ensemble ce jeu est splendide. Il regorge de cinématiques (hélas trop compressées), et profite de la patte caractéristique de Benoit Sokal dans bien des lieux et décors, entre l'intimité d'une hutte Youkol et les vastes territoires d'une fête foraine abandonnée. |
Jouabilité 11 /20 |
Sans le dernier patch dédié à la prise en charge de la souris, on était à du 03/20. Depuis ce patch, il devient plaisant de jouer et de parcourir les lieux en quête de subtilités. Les énigmes continuent d'être laborieuses à résoudre, car le concept demeure avant tout orienté manette. Mais rien n'est totalement infaisable en soi (juste quelques moments pénibles qui ont déjà fait couler beaucoup d'encre sur Steam). |
Scénario 13 /20 |
Il reprend là où Syberia 2 avait fini. Syberia 3 n'est en aucun cas indispensable, mais c'est avec plaisir qu'on retrouve cet univers, cette héroïne, et tout ce qui touche de près ou de loin à Syberia : Youkols, traditions, automates... On peut déplorer la nécessité d'un Syberia 4, mais l'aventure de ce troisième opus reste agréable à vivre. |
Son 18 /20 |
Quelques doublages français demeurent froids, lus, sans conviction. Malgré cela, difficile de cracher sur cette francisation complète, qui plus est que la voix de Kate Walker porte toujours sa magie, son charme et son mystère. Quant à la musique... c'est absolument parfait. Présente et forte en émotion, elle se fait discrète pour mieux souligner quelques temps après les instants marquants. C'est beau, prenant et un vrai bonheur à écouter juste pour le plaisir. |
Intérêt général 12 /20 |
Un jeu qui avait tout pour être très bon. Il finit moyennement sa course suite à trop d’exécrables choix pris à la source de la création. L'ensemble artistique est de très haut vol, tant la musique que les graphismes ou la modélisation 3D. Avec un scénario qui tient la route, c'est vraiment un malheur que ce jeu n'ait pas été conçu spécialement pour PC avant de s'imaginer le sortir pour consoles (versions qui d'ailleurs ont elles-aussi beaucoup de soucis techniques/bugs). Depuis que le patch est sorti, ce jeu devient donc jouable, et appréciable pour l'aventure proposée (mais moins pour les énigmes). Beaucoup de points sombres demeurent (bugs, sauvegarde automatique désastreuse, temps de chargement, cinématiques compressées, uniquement sur Steam, boîtes "vides" en commerce, énigmes souvent insupportables à la souris, ...), mais Syberia 3 est dorénavant un jeu qui peut se jouer et se finir avec plaisir. Alors ne boudons pas trop la situation actuelle qui s'avère être moins déplorable qu'à sa sortie, et savourons cette "bonne piquette" sans trop regretter le Grand Cru qu'on ne nous a finalement pas servi. |
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BONUS
LIENS UTILES
CONTRIBUTEURS
Epok / maitrelikao
Merci Yaz pour le test & les screens
Merci à txuku pour les sauvegardes
Merci Yaz pour le test & les screens
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