Originaire de Fort-de-France, Muriel Tramis, après avoir obtenu un baccalauréat
scientifique à 16 ans, émigre vers la France et entre à l’ISEP (Institut Supérieur
d’Electronique de Paris) pour suivre une formation d’ingénieur qui la conduira
au CNET de Bagneux après une spécialisation en automatisme et informatique.
Elle travaille durant 5 ans à l’Aérospatiale où elle est chargée d’optimiser
les procédures de maintenance d’un engin télécommandé sans pilote utilisé pour
des essais de tirs de missiles. Elle remplit également dans ce cadre un certain
nombre d’autres missions : suivi de développement des différents logiciels
de maintenance et validation de ceux-ci en usine, implantation du système
sur le site d’essais en vol, rédaction de la documentation et formation de la
clientèle à l’usage du matériel et des logiciels.
Tentée par la stratégie de l’entreprise et par la communication par l’image,
elle quitte l’Aérospatiale pour suivre une formation en marketing et communication
proposée par l’Institut du Marketing de Paris.
Passionnée par les jeux d’aventures (textuels pour la plupart à l’époque),
elle choisit d’effectuer un stage dans une PME d’à peine 3 ans d’existence qui
commence à éditer des jeux vidéo : Coktel-Vision. C’est dans ce cadre qu’elle
découvre et manipule les premiers matériels infographiques.
Très vite, Muriel TRAMIS succombe au désir de créer ses propres histoires et
de les illustrer d’images au moyen de l’outil informatique.
C’est ainsi que naît Méwilo, son premier jeu d’aventures, créé
en collaboration avec Philippe Truca pour le graphisme et Patrick Chamoiseau,
d’origine martiniquaise et futur prix Goncourt, pour les dialogues.
L’intrigue se situe à Saint-Pierre de la Martinique, le 7 mai 1902, veille
de l’éruption de la montagne Pelée. Le joueur doit s’identifier à un parapsychologue
de renom venu enquêter sur une affaire de zombi.
Edité par Cocktel-Vision, ce jeu rencontrera un vif succès, sera traduit en
allemand et rapportera à Muriel Tramis la médaille d’Argent de la ville de
Paris en 1987.
Confortée par ce succès, elle crée un second jeu, toujours avec Patrick Chamoiseau :
Freedom, les Guerriers de l’ombre, mettant en scène un esclave
qui ne dispose que d’une nuit pour s’échapper d’une plantation au 18ème
siècle. Alliances, persuasion et combats en font un jeu à la fois de rôle et
de stratégie.
En octobre 1989, à l’occasion de la célébration du Bicentenaire de la Révolution
Française et dans le cadre d’une opération de sensibilisation des collégiens
à l’informatique subventionnée par le Conseil Général de la Martinique, Muriel
Tramis organise un concours interdépartemental concernant les collèges de Martinique,
de Guadeloupe et de Guyane autour de Freedom.
Ces succès confortent sa position chez Coktel-Vision qui lui confie des responsabilités
tant au niveau de l’animation et de la coordination des équipes de programmeurs
et de graphistes qu’à celui de la promotion des produits (suivi des traductions,
organisation de salons à l’étranger, contacts avec distributeurs et journalistes).
De 1989 à 1992, ses activités s’orientent vers la conception de logiciels éducatifs :
la Bosse des Maths, une gamme éducative de mathématiques pour
les élèves de collège ; ADI (Accompagnement Didacticiel
Intelligent) qui conduit au développement des premiers titres Français et
Maths pour le primaire en 1992 et débouchera sur des gammes adaptées aux plus
jeunes : ADIBOU (4-7 ans) et ADIBOUDCHOU
(18 mois-3 ans).
Pour mettre en place de façon automatisée et conviviale la batterie d’activités
que comportent ces logiciels à vocation pédagogique, elle contribue au développement
d’un moteur de création d’exercices interactifs, qui permet à des néophytes
en informatique, de programmer textes, images et sons dans un temps relativement
restreint.
Parallèlement, Muriel Tramis développe ou supervise toujours dans le cadre de
Cocktel-Vision et de Tomahawk, un certain nombre de jeux d’aventures :
Blueberry et le Spectre aux Balles d’Or (1988) adaptation de la
bande dessinée de Charlier et Giraud publiée en 1972, Astérix et le Coup
du Menhir (1990) adaptation de la bande dessinée d’Uderzo et Goscinny,
sans parler de Cougar Force et d’Oliver and C°, un
jeu de plateforme datant de 1991.
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Emmanuelle et Geisha
C’est chez Tomahawk que Muriel Tramis contribue à la publication de 20000
lieues sous les mers (1988), de Bargon Attack (1990) et
d’Emmanuelle (1989). En 1990, paraît Geisha dans
lequel apparaissent les premières scènes vidéo. Avec ces deux titres, la dimension
érotique pénètre dans le jeu vidéo d’aventures. En 1991, est publié chez le
même éditeur Fascination dans lequel apparaît pour la première
fois un personnage principal féminin pilote de ligne qu’elle a du mal à imposer.
Le public n’est pas encore prêt.
C’est en 1991 encore que Muriel Tramis en compagnie de Pierre Gilhodes, maître
ès univers décalé, connaît son plus grand succès avec la sortie chez Cocktel
de Gobliiins, suivi en 1992 de Gobliins 2 et en
1993 de Goblins 3.
En 1993, Sierra achète Cocktel Vision. Muriel crée Lost in Time
dans lequel apparaissent les premières incrustations vidéo sur décor et dans
lequel elle renouvelle une tentative d’introduire une jeune femme, cette fois
aventurière. Voici ce que dit la pionnière, créatrice et conceptrice de ces
personnages féminins dans une interview relevée sur
href="http://www.captain-alban.com/dossier_presse/vsd.html">http://www.captain-alban.com/dossier_presse/vsd.html
et consacrée à Lara Croft : « J'ai eu du mal à les imposer. Au vu
des ventes, on a remballé la troisième. Lara est belle, intelligente et intrépide :
tout à la fois ! Bien qu'elle massacre pas mal, ça sort de la princesse à délivrer. »
En 1994, Sierra-Cocktel édite Woodruff and the Schnibble of Azimuth.
La démarche progressive d’intégrer des images réelles entreprise avec Geisha,
poursuivie avec Lost in Time s’achève en 1995-1996, avec Urban Runner
en full vidéo. C’est avec ce jeu, le premier logiciel entièrement en images
réelles, qu’elle effectue le travail le plus performant sur l’image interactive.
A cette occasion, elle pénètre l’univers du cinéma en collaborant avec
l’équipe de tournage du film dont elle supervise le montage numérique et la
création des effets spéciaux.
A côté de la performance technologique, Muriel Tramis a approfondi ses aptitudes
à la créativité en travaillant en profondeur les scénarios, en donnant du corps
aux intrigues et aux personnages et de la puissance aux dialogues et mis en
place des méthodes de production proches de la réalisation des films d’animation
destinés au grand écran, quoi que plus souples pour tenir compte des avancées
de la technologie multimédia très évolutive à cette époque.
Entre-temps, le studio Cocktel-Vision, à la suite de fusions et rachats successifs
par divers studios américains et français, est devenu un studio de Havas Interactive.
En 1997, Muriel Tramis est choisie comme lauréate française par la EFBWBO
(European Federation of Black Women Business Owners) à Londres et y obtient
une récompense.
Elle reprend la gamme ADI (4ème génération) pour y
introduire les SVT (Biologie, Physique, Chimie, Géologie) à destination des
élèves de collège. ADI Sciences sera nominé au prix Moebius
98.
En mars 1997, Jean-Marie Messier effectue la fusion de la Compagnie Générale
des Eaux avec Havas et rebaptise l'ensemble Vivendi.
En 1999, Muriel renouvelle sur le plan conceptuel, la démarche pédagogique
et l’aspect scénaristique de la gamme ADI génération 5. Dans la
phase de production qui s’achèvera en 2001, elle forme et encadre les chefs
de projet matière/niveau.
En 2000, Vivendi Universal, résultat de la fusion de Vivendi, Canal+
et Seagram est créé. Muriel, toujours axée sur la pédagogie élabore en 2002
le « concept design » d’une gamme de CDRoms d’apprentissage
de l’anglais à travers les films Universal.
Muriel Tramis quitte Vivendi Universal en février 2003 pour créer,
en mai de la même année, sa propre maison d’édition Avantilles.
Avantilles, sous la direction de Muriel, s’est donné pour objectifs de
préparer plusieurs gammes de « ludiciels », logiciels éducatifs de
lecture et calcul pour lutter contre l’illettrisme, simulations de phénomènes
naturels (volcans, cycle de l’eau, croissance des plantes, ...) pour rendre
les Sciences accessibles au plus grand nombre, logiciels de comportement citoyen
(sécurité routière, protection de l’environnement ), logiciels basés sur
le programme de Langue et Culture Régionale Créoles.
Avantilles prépare également des jeux d’aventure et de stratégie mettant
en scène des contes et légendes afro-caribéens.
Presse :
France-Antilles Magazine : Muriel Tramis, la star du multimédia
Multimedia News : An interview with UR producer Muriel Tramis
Reardon, mars 2005
Je remercie Muriel Tramis pour sa gentillesse et la facilité avec laquelle
j’ai pu avoir accès à ces informations.