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Secret Files Tunguska
Développeur Animation Arts
Éditeur Deep Silver
Distributeur Koch Media France
Date 17 nov 2006
Genre Mystère
Vue 3e personne 2.5D
Série Secret Files
Compatibilité Windows XP / Vista
Plateforme(s) Android | DS | iPad | PC | Wii U | Wii | WiiWare
Gameplay Point & Click
Test par Guidoflap
Nous sommes le 30 juin 1908 au petit matin, à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest du lac Baïkal en Sibérie orientale. Soudain, une gigantesque explosion dévaste plus de 2 000 km² de taïga. Plusieurs hypothèses – plus ou moins sérieuses ou plus ou moins farfelues – ont été émises pour expliquer cette catastrophe. Entre autres : l’impact d’une météorite, la chute d’une comète initiant une réaction thermonucléaire "naturelle", une collision avec de l’antimatière et même un "mini" trou noir qui aurait pu traverser la Terre de part en part aussi facilement qu’une balle de fusil chauffée à blanc traverserait un bloc de beurre ! Voilà l’événement dont s’inspire Secret Files : Tunguska…

Le jeu se déroule de nos jours. Nina Kalenkov – jeune et jolie fille de son papa, un scientifique qui travaille au Muséum d’histoire naturelle de Berlin – rend visite à son père mais ne trouve qu’un bureau dévasté. Et, bien sûr, aucune trace de l’auteur de ses jours ! L’aventure commence et c’est à Nina (c’est-à-dire vous) de fouiller dans le passé (et le présent) de son père afin de trouver les quelques indices qui permettront de débuter son enquête. On se retrouve donc dans le schéma classique du personnage ordinaire soudainement catapulté dans une suite de péripéties pour le moins imprévues.

Voilà donc le joueur embarqué dans une aventure qui va l’emmener voir du pays : Berlin, Moscou, la Sibérie, l’Irlande, Cuba, l’Himalaya et l’Antarctique. Le dépaysement est donc au rendez-vous. Néanmoins, on reste parfois sur sa faim, dans le sens où certaines régions visitées sont insuffisamment mises en valeur. Ainsi, au cours de son étape cubaine, Nina ne "visite" pas grand-chose d’autre qu’un hôpital psychiatrique, alors que l’on aurait aimé profiter du charme architectural désuet de certains quartiers de La Havane. De même, l’épisode himalayen est très fugace (à peine le temps d’y arriver que l’on est déjà reparti) et se limite à une caverne (pas de cimes enneigées à l’horizon). Certes, un jeu vidéo n’a pas pour vocation d’être un guide touristique mais, tant qu’à faire, autant exploiter davantage les lieux visités. Surtout que les graphistes de Tunguska ont par ailleurs accompli un superbe travail. En bref et en quelques mots : on aurait aimé en voir plus ! Sur ce plan, les épisodes sibériens et irlandais, qui nous offrent davantage de paysages, sont plus convaincants (le passage de la cabane perdue dans la taïga est magnifique).

Justement, que dire des graphismes ? Le jeu utilise un mélange 2D/3D, à l’instar d’un Syberia ou d’un Black Mirror, entre autres. Le style graphique, plutôt réaliste, est d’ailleurs proche de ces deux derniers jeux et l’on est fort éloigné du style "cartoon" d’un Runaway. Les décors sont en 2D, ce qui permet une grande richesse de détails et, sur ce point, les graphistes s’en sont donné à cœur joie : les environnements sont superbes et fignolés, et se voient gratifiés de quelques animations – assez timides il est vrai – destinées à les rendre plus vivants (une averse, une éolienne en mouvement, une branche qui bouge, etc.). Du coup, on se retrouve presque déçu lorsque l’on se rend compte qu’il n’est pas possible d’interagir avec tous les éléments des décors ! Notons tout de même que quelques rares décors apparaissent un peu vides (c’est par exemple le cas de l’auberge irlandaise, dépeuplée et morose). Quant aux personnages, ils sont modélisés en 3D mais manquent quelque peu de finesse graphique, ce qui tranche un tantinet avec les environnements dans lesquels ils évoluent. On pourra également regretter que les animations desdits personnages – un peu rigides – n’aient pas été plus travaillées : sans pour autant rechercher des effets théâtraux, quelques gestes supplémentaires auraient permis aux personnages d’être plus expressifs. Par exemple lors des conversations durant lesquelles seuls quelques mouvements de bras répétitifs permettent d’éviter le garde-à-vous. Néanmoins, ces quelques défauts ne nuisent pas à la qualité graphique globale de Tunguska qui reste, j’insiste sur ce point, un beau jeu.

Pour ce qui est du gameplay, rassurons tout de suite les puristes : Secret Files : Tunguska est un point & click pur et dur : 100 % souris, 0 % clavier. (Y compris pour les sauvegardes qui se font en trois clics – et à tout moment). Précisons au passage qu’il s’agit d’un jeu à la 3e personne. Deux personnages sont jouables : Nina Kalenkov, bien sûr, avec laquelle on passera la plus grande partie du jeu. Mais aussi Max Gruber, un jeune chercheur et collègue du père de Nina que l’on "pilotera" dans quelques séquences. Le déplacement des personnages se fait en un seul clic mais ni Nina, ni Max ne semblant hélas jamais avoir appris à courir, il faudra se résigner à contempler patiemment leur marche nonchalante lorsque l’on se déplacera d’un endroit à un autre. Néanmoins cet aspect quelque peu agaçant est compensé par le fait que l’accès à un autre décor se fait immédiatement par un double clic sur l’issue (pour accéder à une pièce voisine, par exemple, un double clic sur la porte charge aussitôt le décor).

La progression se fait essentiellement à l’aide des objets que l’on va collecter et utiliser de manière appropriée. Les développeurs ont donc opté pour un système simple et intuitif. Ainsi, l’icône représentant le pointeur de la souris prend un aspect très explicite selon le type d’action à réaliser (observer, prendre ou manipuler, se déplacer, passer un dialogue), jusqu’à indiquer sur quel bouton de la souris l’on peut cliquer. Quant à la gestion des objets collectés, elle est on ne peut plus aisée car l’inventaire est toujours présent au bas de l’écran et directement accessible sans qu’il soit nécessaire d’ouvrir une fenêtre spécifique. Tout au plus devra-t-on faire défiler l’inventaire afin d’accéder à sa totalité. Précisons au passage que le nombre d’items collectés n’atteint jamais des proportions extravagantes car ils sont, la plupart du temps, destinés à être utilisés assez rapidement. Certains joueurs apprécieront donc de ne pas devoir inlassablement parcourir un inventaire qui ressemble au catalogue des 3 Suisses ; d’autres un peu moins s’ils goûtent les inventaires foisonnants. De fait, il se peut que le joueur soit encouragé – un peu trop systématiquement – à recourir aux résolutions d’énigmes "à l’aveugle". En effet, dans la mesure où l’opération ne prend pas un temps fou, il est tentant de faire interagir tous les items (entre eux ou avec le décor) en se disant qu’une manipulation finira bien par fonctionner. Enfin, un journal est présent, qui fait état de la progression de l’enquête. À consulter régulièrement, surtout que certains indices collectés (une photo, par exemple) y sont rangés (et non dans l’inventaire).

Il est possible que les "gros durs" du jeu d’aventure aient le sentiment d’être un peu trop pris par la main. D’autant qu’un système d’assistance a été intégré dans le jeu. Ainsi, dans chaque décor, un simple clic sur un bouton "loupe" permet de révéler les endroits ou objets auxquels on pourra s’intéresser, mais sans pour autant apporter la solution. Peut-être ce choix a-t-il été dicté par le souci de ne pas trop "effrayer" ceux qui goûteraient pour la première fois à l’aventure point & click. À un moment où le genre semble reprendre de la vigueur, il se peut que les créateurs n’aient pas eu envie qu’un joueur peu habitué se lasse à la première énigme un peu moins évidente.

Toutefois, Tunguska n’est pas un jeu d’aventure difficile et les énigmes sont pour la plupart accessibles. Comme je l’ai écrit plus haut, ces dernières sont fondées sur l’utilisation d’items (parfois après avoir été combinés) au bon endroit. Ce qui signifie que les décors devront être attentivement fouillés (du moins si l’on résiste à l’envie de cliquer sur le bouton "loupe" !). Bien entendu, il ne s’agit pas de savoir si telle ou telle résolution d’énigme est réaliste ! Mais, dans l’ensemble, cela reste assez logique, hormis deux ou trois énigmes un peu plus alambiquées. Signalons également que Tunguska n’est pas un jeu "verbeux". Même si, à plusieurs reprises, des conversations ponctuent l’aventure, elles permettent avant tout d’obtenir des informations et ne constituent pas véritablement des énigmes. Le sujet de conversation est lancé en cliquant sur une icône mais à aucun moment il s’agira de se creuser la tête sur LA question à poser ou sur LA réponse à apporter… Venons-en maintenant au sujet qui fâche : les puzzles. Car Tunguska ne nous fait pas grâce de quelques énigmes de ce genre, très à la mode en ce moment dans les jeux d’aventure (il s’agit de "mini jeux" de pure logique dont la résolution est obligatoire pour pouvoir poursuivre). C’est une affaire de goût : ces casse-tête sont appréciés par certains mais sont avant tout casse-pieds pour d’autres ! Pour autant, ces passages ne sont pas très nombreux et l’on pourra terminer Tunguska sans avoir l’impression d’avoir joué à un jeu édité par Sport Cérébral, loin s’en faut… Précisons que les développeurs ont, là encore, pris soin d’éviter que cela ne devienne pénible et de ménager ceux qui manifesteraient une allergie aux énigmes-puzzles : dès qu’un problème de ce genre apparaît, une aide est activée – disponible via le journal –, offrant en général un sérieux coup de pouce.

Concernant la bande-son, notons que les doublages en français sont tout à fait corrects bien qu’ils manquent parfois de conviction. Les bruitages et bruits d’ambiance sont très réussis. Quant à la musique, certains regretteront qu’elle soit trop discrète mais, personnellement, cela ne me dérange pas outre mesure : je préfère cela à une musique omniprésente qui pourrait se révéler gavante.

La durée de vie, quant à elle, est une donnée difficile à estimer car elle est très liée au type de joueur. C’est moins visible que pour d’autres types de jeux (FPS, STR, etc.) mais un jeu d’aventure fait lui aussi appel à un certain nombre de "réflexes". Ainsi, un habitué des jeux d’aventure pourra peut-être terminer Tunguska en sept heures environ alors qu’il en faudra probablement trois de plus à un "novice". En outre, la fréquence d’utilisation de l’aide intégrée au jeu ne sera pas non plus sans conséquences. Dans l’ensemble, je dirais que la durée de vie de Secret Files est tout à fait correcte d’autant que le jeu est disponible à un prix sensiblement moins élevé que ce qui paraît actuellement.

Signalons pour terminer une réalisation technique des plus convaincantes. Ainsi, le jeu est assez peu gourmand en ressources : sur un PC équipé d’un Duron 750 MHz, de 512 Mo de RAM et d’une GeForce 2 MX 400, cela reste fluide (aucun ralentissement à l’affichage ou manque de réactivité, et les temps de chargement sont courts).

En conclusion, Secret Files : Tunguska est un jeu d’aventure qui, en dépit des quelques critiques que j’ai émises, mérite amplement le détour.

– Un scénario original et des énigmes pour la plupart bien fichues.
– Un gameplay dans le pur style point & click, des plus simples et très intuitif, et qui conviendra particulièrement à qui goûterait pour la première fois au jeu d’aventure.


Ce test de Guidoflap provient du Sanctuaire de l'Aventure, qui a fermé ses portes en septembre 2009
– Des graphismes dans l’ensemble très réussis.
– Un jeu qui se satisfait d’une configuration matérielle modeste.

Bref, un potentiel que l’on espère voir confirmé dans Secret Files 2, d’ores et déjà annoncé.