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The A.B.C. Murders (Online)
Développeur Artefacts Studio
Éditeur Microids
Distributeur Anuman Interactive
Date 04 fév 2016
Genre Enquêtes
Vue 3e personne 2.5D
Série Agatha Christie
Compatibilité Windows XP / Vista / Windows7 / Windows 8 / Windows 10
Plateforme(s) Android | iPad | Mac | PC | PlayStation 4 | Xbox One
Gameplay Point & Click
Test par Maitrelikao
Agatha Christie’s Poirot – The ABC Murders est la cinquième adaptation des aventures du célébrissime détective Belge sur support vidéo-ludique en format Point & Click. Pour information, quatre autres adaptations ont aussi été réalisées par l’ancienne société de Jane Jensen, mais sous forme d’énigmes et objets cachés cette fois.

Après trois opus au succès mitigé sur PC et un Layton-Like clairement raté sur Nintendo DS, l’éditeur Microïds ayant récupéré les droits de la licence a décidé de dédier cette dernière adaptation à un large public de joueurs, en portant The ABC Murders sur Mac et PC mais aussi sur consoles Next Gen. Le tout en français intégral avec plusieurs niveaux de difficulté. Pour cela il a fait appel à l’entreprise Rhône-Alpine Artefacts Studio.

Le premier reproche à avoir été fait aux anciens jeux de la licence était de ne pas réellement jouer Poirot, puisque que le personnage incarné était soit un héros distinct comme Patrick Naracoot dans « Devinez Qui ? » soit Antoinette Marceau dans « l’Orient Express », soit Hasting jouant Poirot pour la mise en abîme de « Meurtre au Soleil ». Ici vous êtes Poirot tout le long du jeu, toujours en vue subjective à la troisième personne. Le détective et les autres personnages sont joliment représentés en 3D avec un trait un peu brut mais assumant un style propre et original qui colle parfaitement à l’ambiance art-déco des années 30. Ils évolueront dans des décors 3D peu nombreux mais joliment réalisés et surtout parfaitement mis en lumière, la qualité de cette dernière jouant beaucoup sur l’ambiance réussie et la facilité d’immersion dans le jeu.

Cependant, même si cela ne nuit pas à l’expérience, l’intégration des personnages dans les décors n’est pas optimale et de plus les arrière-plans sont flous pendant les gros plans. Quelques petits bugs de collision sont aussi à noter qui, s’ils ne sont pas rédhibitoires, pourraient démotiver les joueurs occasionnels cible privilégiée de cet opus. La qualité des nombreux environnements 2D étant le seul point unanimement positif des anciennes versions, on peut se demander s’il était réellement judicieux pour les développeurs de s’imposer une 3D alors qu’une jolie 2.5D et un peu plus d’environnements auraient comblé les joueurs occasionnels ou chevronnés.

Autre point peu apprécié dans les anciennes versions : les énigmes capillotractées et les inventaires à rallonge qui desservaient une intrigue basée sur l’enquête. Dans The ABC Murders, pas de pile électrique à piocher au fin fond d’un sac de farine, pas de télégraphe à bricoler à partir de jus d’orange, de statue javanaise et de couverts de cuisine. Non, vous allez utiliser des mécaniques de gameplay uniquement pour résoudre une enquête, c’est-à-dire observer, interroger, réfléchir, analyser et déduire. L’inventaire sera succinct et réservé à la récolte d’items pouvant faire progresser le propos. Poirot ne s’arrêtera jamais dans sa cuisine pour concocter des Pancakes pour son breakfast à partir d’une pléthore d’ingrédients resquillés à droite à gauche. Non, il fera uniquement travailler ses cellules grises, et il le fera bien !

Le joueur l’incarnant devra observer minutieusement les divers protagonistes de l’affaire afin de déduire leur état d’esprit un peu comme le faisait Malachi Rector dans Moebius. Il devra mener les interrogatoires en fin psychologue qu’est Poirot au risque - s’il s’écarte trop des méthodes du détective - de perdre des points d’égo. Dans ce cas pas de soucis le jeu vous remettra facilement dans les rails, grand public oblige : vous progresserez en ayant perdu quelques points au passage, et gagné un ou deux anti-trophées plutôt réjouissants.

La partie "Réflexion" est la plus réussie des mécaniques d’ABC. En cours d’investigation Poirot sera bloqué par des babioles, boîtes et autres meubles ou chinoiseries disposant de mécanismes d’ouvertures complexes et ingénieusement cachés, de double-fonds pas toujours évidents à découvrir et à ouvrir, mais offrant toujours suffisamment d’indices pour que le joueur puisse logiquement en venir à bout. Au pire des aides rechargeables toutes les minutes sont là pour que les débutants ou les têtes-en-l’air puissent profiter pleinement et agréablement de l’expérience. En revanche, ces plaisants mécanismes ne résisteront pas longtemps aux baroudeurs de l’aventure qui sont venus à bout de casse-têtes autrement plus épineux dans les The Room, voire surtout dans les Rhem ou les Myst.

La partie "Analyse" reste classique : quelques puzzles simples mais agréables sont dispersés dans la progression du jeu, par contre certains finiront par être trop répétitifs. L’étude des lettres d’ABC sera par exemple toujours axée sur l’origine de la machine à écrire : au bout de trois fois cela devient lassant. On aurait aimé y ajouter des recherches d’empreintes, l’étude du papier, même si Hercule n’est pas Sherlock. Une variation aurait été souhaitable.

La dernière mécanique d’investigation est bien sûr la "Déduction". Cette dernière ressemble un peu à ce qui a été proposé dans les derniers Sherlock Holmes justement, en plus facile mais parfaitement bien réalisée. Là encore, vous disposerez d’aides rechargeables si vous bloquez sans pour autant vous mâcher tout le travail. On espérera cependant une difficulté plus accrue dans un prochain opus, un peu à l’instar de celle des résolutions de mandats de l’île Noyée, le PDA en moins, époque oblige.

Le dernier point où ABC Murders se distingue des autres P&C de la licence est l’adaptation de l’histoire.
Même si il y a plusieurs fins (enfin seulement deux, et la différence est anecdotique) comme dans « Devinez Qui ? » et un soupçon de fin alternative heureuse comme dans « L’Orient Express », nous ne retrouvons plus les histoires parallèles ajoutées aux intrigues comme notamment dans « Meurtres au Soleil ». Un bien pour un mal ? Le jeu ABC Murders suit simplement et sans fioritures le scénario (excellent forcément) du roman d’Agatha Christie. C’est extrêmement bien fait, c’est clair, net et précis, voire un peu trop. Alors oui il y a quelques petits détails bien sympathiques dispersés à droit à gauche, comme le crocodile d’Hastings, sa peur du dentiste qui fait écho à celle de Poirot dans 1,2,3… ,l’accent de Poirot en anglais qui parsème d’expressions françaises ses phrases. Et surtout il n’y a pas d’histoire fumeuse ajoutée uniquement pour allonger artificiellement la durée de vie. Mais tout cela manque de saveur.

En fait, honnêtement les histoires parallèles des précédents opus étaient plutôt bien écrites et logiquement intégrées à l’histoire. Elles avaient le mérite de rajouter quelques fausses pistes à une intrigue bien souvent archi-connue des fans du détective Belge. En intégrer une ou deux (en particulier le point de vue d’ABC comme dans le roman) dans le jeu aurait pu rallonger la durée de vie de cet opus et y apporter du suspense. Cependant, le découpage de l’histoire est lui très efficace. Il a le mérite d’éviter les aller-retours inutiles qui, eux, rajouteraient artificiellement de la durée de vie du jeu.

Un autre bon point est l’aspect audio d’ABC. Le jeu nous est proposé en français intégral doublé par des acteurs convaincants, en particulier celui d'Hercule Poirot. Les voix anglaises sont aussi intéressantes puisque, là, Poirot (doublé toujours par le même comédien français) lâche comme dans la série avec David Suchet quelques petites expressions franco-belges ajoutant un humour léger mais savoureux. La musique originale est aussi une grande réussite. Très agréable à l’écoute, elle cumule le double mérite de coller à l’ambiance de cette enquête feutrée durant l’entre-deux guerres et de ne jamais nous déconcentrer en nous empêchant de résoudre les puzzles.

The ABC Murders remplit donc son contrat envers le grand public en offrant une belle réalisation académique qui a su tirer parti des erreurs de ses aînés, en proposant un jeu joli à l’œil et agréable à l'écoute, agrémenté d’énigmes/puzzles qui, s’ils ne sont pas des plus originaux, sont parfaitement intégrés à l’intrigue, et dont le niveau de difficulté devrait pleinement satisfaire un aventurier débutant ou occasionnel. Dans ce cadre, le jeu mérite un bon 16/20.

Mais ce test s’adresse aux aventuriers de Planète Aventure et ici, même le débutant a des exigences plus grandes. Si ABC Murder’s reste un jeu très sympathique à conseiller aux joueurs en mal d’aventure il n’est pas dépourvu de défauts pouvant être rédhibitoires pour beaucoup.

Si on saluera la qualité et l’ajout (de plus en plus rare) du français intégral, les doublages - surtout ceux des personnages secondaires - ne sont pas toujours à la hauteur comparés à ceux de Dracula 4/5.

La 3D n’a pas forcément la préférence d’un aventurier et celle d’ABC varie entre très joli et passable. Les commandes, clairement adaptées pour les consoles, ne sont pas agréables et il y a quelques bugs de collision qui lui feront toujours préférer une 2D moins ambitieuse mais plus confortable.

Le jeu est extrêmement court, comptez 8 heures de jeu en prenant tout votre temps. La faute à des énigmes intéressantes mais aux mécanismes déjà connus et résolus plus d’une fois par un aventurier chevronné. Cela est dû aussi à une histoire comptée avec efficacité, sans artificialité, mais vendue à un prix conséquent tout de même. De plus, même si ABC est aussi proposé en boîte, comme on le dit ici cette boîte est "vide" (code steam) : c’est un détail qui compte pour beaucoup sur notre forum.
(Merci à Redd et Yaz pour les correctifs)

En détail
+
-
Graphisme
13 /20
Plutôt réussis mais présentant des problèmes d’intégration des personnages.
Jouabilité
14 /20
Énigmes parfaitement adaptées à un jeu d’enquêtes, mais manquant un peu de challenge.
Scénario
15 /20
Forcément excellent puisque l’adaptation colle au plus près du roman, un peu plus d’adaptation n’aurait pas été de refus. Le jeu reste très court.
Son
16 /20
La musique est très réussie et à propos. Le doublage de Poirot est excellent, celui des autres personnages est plus en demi-teinte.
Intérêt général
14 /20
ABC Murders est une belle réalisation académique qui remplit son contrat auprès du grand public, mais décevra par la facilité de ses challenges et sa durée de vie les joueurs plus aguerris. Ces derniers, s’ils apprécieront le français intégral, pourront rejeter le manque de contenu, que ce soit pour le fond ou pour la forme (boîte "vide") du jeu.