(présentation issue de mon test sur Steam)
35MM est de ces jeux qui demeurent difficiles à classer, et qui divisent l'opinion des joueurs. Un peu touche-à-tout, ce titre permet de vivre une histoire narrative, sur fond l'exploration 3D de lieux ouverts, avec scènes scriptées, phases de réflexion (légères), QTE (faciles), et shoots (un peu hardus mais rares), dans un monde dévasté par une épidémie mortelle. Tant d'éléments si disparates peuvent tout autant plaire que déplaire, émerveiller que décevoir, car il suffit d'un rejet d'un de ces domaines vidéoludiques pour voir son plaisir de jeu gâché. En revanche, si rien de tout cela ne bloque le joueur, il est assuré de passer quelques heures à savourer une ambiance remarquablement mise en place et somptueusement illustrée.
Le jeu se découpe en chapitres clairement identifiables par les chargements, formant une histoire intéressante faisant parcourir des lieux variés et rencontrer des personnages originaux. Quant à la trame principale, elle sert d'alibi afin de faire découvrir un périple court mais prenant dans une Russie fantômatique. Alors oui, ce jeu a été conçu sous Unity. Et ainsi, les phases de chargement pourraient sembler un peu longues. Les graphismes ne sont pas non-plus photo-réalistiques. Mais l'ensemble a été réalisé par une seule personne, et 35MM profite astucieusement des moindres faiblesses techniques pour en faire des forces.
Car finalement, les chargements ne se font presque pas sentir, tant le rythme du jeu est doux, contemplatif : le moteur du jeu peut par exemple prendre la main 30 secondes pour faire admirer un vol d'oiseaux tournoyant dans le ciel, sans raison. De nombreuses cinématiques viennent jalonner le parcours, jouant sur les cadrages, les lumières, la profondeur de champs et les filtres, rendant visuellement profondément riche le moindre décors. Tout est subtile, captivant, et peu à peu l'ambiance générale éthérée ôte au joueur toute sensation d'attente ou de frustration graphique pour le plonger dans un état oscillant entre la béatitude et la profonde inquiétude.
En effet, il ne faut pas s'y tromper, 35MM n'offre pas qu'un jeu où l'interaction se limite à l'exploration. On marche, on court (mais pas longtemps), et prend le temps de tout explorer avant de quitter les lieux où l'on sait ne plus revenir, il est vrai. On écoute, on lit, on attend, ... mais il faudra aussi à plusieurs reprises se munir d'armes, ou appuyer à temps sur une touche qui s'affiche à l'écran, afin d'éviter à son avatar de périr, et donc de reprendre automatiquement au début du chapitre en cours.
Et question ambiance, 35MM n'a pas à rougir devant les ténors du genre. C'est rapidement inquiétant, voire profondément stressant. Une lampe torche à affichage limite, des pièges tendus au seuil des portes, des animaux qui peuvent attaquer, des ennemis humains qu'il faudra éviter ou éliminer, ... sans compter les couloirs sombres, les mares de sang, les bruits terrifiants et musiques angoissantes. Non, 35MM n'est assurément pas un simple simulateur de marche, et il faudra de la ressource pour se débloquer de situations, comme chercher des codes, choisir les réponses dans les dialogues, utiliser des machines, ....
... tout ceci dans le but d'arriver à la fin du jeu en découvrant le plus possible de choses sur l'histoire, ce qui a pu se passer, et permettre au héros de retrouver sa famille. Les trophées Steam sont là aussi pour augmenter la durée de vie du jeu, ce dernier proposant d'ailleurs deux fins différentes (sans compter la mort fréquemment possible du héros). Personnellement je regrette les phases d'action/shoot qui me semblent trop difficiles face au reste du jeu (notamment celle de l'attaque des chiens), et qui risquent bloquer les amateurs d'aventure récalcitrants à la gachette. Malgré tout, ce n'est pas impossible, pour peu qu'on insiste et qu'on cherche, patiemment, à élaborer une bonne stratégie déplacement/choix de cible/ravitaillement afin d'éliminer tout danger.
35MM est donc sans l'ombre d'un doute un bon jeu. Un très bon jeu, même. Il saura plaire aux amateurs d'ambiance sombre, pour peu qu'ils ne soient pas en quête d'action pure. Il conviendra aussi aux aventuriers qui ne seraient pas bloqués par quelques moments de shoot (qui demeurent rares malgré tout). Malgré sa courte durée (d'environ 5-6 heures), 35MM est de ces jeux qui marquent par leur côté artistique et technique merveilleusement réalisé. Une très belle découverte.
Pour information : ce jeu est en russe sous-titré anglais. Il y a peu de textes, et ils sont parfaitement accessibles (tant et si bien que je pensais avoir joué en français
). Une option est aussi automatiquement activée pour simuler le mouvement de tête lors des déplacements : il faut rapidement la désactiver pour éviter les nausées (head bob).